En termes de durabilité, les connaissances disponibles sont souvent focalisées sur l’amont (production) et l’aval (choix des consommateurs) sans prêter beaucoup d’attention aux acteurs du milieu de la chaine agro-alimentaire, à savoir les transformateurs et les distributeurs.
Le récent rapport prospectif de l’INRAE[1] soulignait la faible articulation des technologies agroalimentaires avec la santé d’une part (en aval), et les systèmes alimentaires d’autre part (en amont) ; une conséquence ayant été le développement de travaux de recherche plutôt guidés par un objectif d’optimisation de chaque niveau de la chaîne, considérés séparément les uns des autres. Le rapport souligne notamment : « une réflexion prospective s’est donc concentrée sur les voies à suivre pour progresser dans une compréhension plus intégrée des relations entre le fonctionnement du système alimentaire (production-transformation-consommation) et les enjeux de santé (via l’alimentation et l’environnement) … ».

L’atelier participatif qui a eu lieu le 7 juillet, s’inscrit dans ce contexte. Il s’est déroulé dans le cadre du projet DURATRANSFO « Transformation des aliments et durabilité » (du 01/07/2021 au 31/12/2022), un projet de recherche qui fait partie du le méta-programme INRAE Syalsa.
A l’initiative d’Anthony Fardet (INRAE Theix, Unité de Nutrition Humaine), Sylvie Lardon (INRAE Clermont-Ferrand, UMR Territoires) et Claire Planchat (Chercheuse associée à l’UMR Territoires) et avec l’appui du PAT, cet atelier a donc réuni plusieurs industriels, chercheurs académiques du consortium DURATRANSFO, deux représentant de PATs et un représentant de la DRAAF Auvergne-Rhône-Alpes (Pôle Politique Publique de l’Alimentation).

La journée s’est déroulée en deux étapes :
Une session le matin pour échanger autour du degré de prise en compte de la durabilité au sein des entreprises agro-alimentaires présentes, sur la base des quatre piliers de la durabilité définis par la Fondation Barilla en 2020 :
- Des produits sains, nutritifs, commercialisés de manière à réduire l’impact sur la santé humaine et l’impact pour la planète
- La mise en œuvre de pratiques sociales et écologiques dans l’ensemble des activités de l’entreprise (y compris les processus de production et commerciaux) et de gestion interne
- La responsabilité d’améliorer la durabilité en externe ; tout au long de ses chaînes d’approvisionnement, de ses chaînes de valeur et dans l’ensemble de l’écosystème dans lequel l’entreprise évolue
- Une entreprise citoyenne, en accord avec les biens sociaux, le bien-être de la société et les lois et politiques qui font progresser le développement durable

Une session s’est tenue l’après-midi pour échanger autour de quatre thématiques définies dans le projet DURATRANSFO :
- Circuits courts et locaux, transformation agroalimentaire et durabilité
- La place des produits animaux dans la durabilité de la transformation alimentaire
- Comment les technologues alimentaires peuvent-ils combiner les quatre sécurités alimentaires pour une meilleure durabilité (sanitaire, accessibilité, nutrition/santé et environnement) ?
- Le consommateur peut-il influencer la durabilité de la transformation ?

Cette journée a été l’occasion de poser de premiers jalons pour une réflexion à plus long terme de la prise en charge de la durabilité par les industriels de l’agro-alimentaires. Peuvent-ils finalement être le moteur d’une production plus durable en amont et d’une offre d’aliments plus sains pour le consommateur en aval ?
[1]Axelos et al. La santé, moteur des transitions agricole, alimentaire et environnementale – Prospective scientifique interdisciplinaire; INRAE: 2020.
[2]Barilla Foundation, UN Sustainable Development Solutions Network (UN SDSN), Columbia Center on Sustainable Investment (CCSI), et al., Fixing the business of food – How to align the agri-food sector with the SDGs. 2020
Merci à Anthony Fardet, pour la rédaction de cet article.